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Nicolas Behal /// Détriment seul

12.00 EUR

Celui qui tente de retranscrire sincèrement son rapport au monde cède à l'impulsion poétique d'exprimer l'inexprimable.

À ce vers de Karl Kraus : "Qu'a fait de nous le monde", rédigé au temps des premières falsifications politiques de la réalité par le langage, T.W. Adorno écrira quelques décennies plus tard qu'il n'y a pas de caractère intelligible pour y répondre – "Il se manifeste douloureusement dans la douleur du sujet : tous les hommes, en ce qu'ils sont devenus, en leur réalité, sont atrophiés." (Dialectique négative).

"Détriment seul" est le tranchant de la déchirure (qui dit le vrai). Un cri mutique se déployant pauvre. Page après page, des liserés d'inquiétude teintent de noir un certain hiatus de fragilité. Tout ne tient ici qu'à un fil – et la maitrise de la déflagration sait creuser des galeries souterraines jusqu'au fond du coeur cloué, ouvert.

Dans la zone interlope du bas matérialisme, dans le mouvement descendant des poèmes, on atteint une limite, déjà dans l'enfer des mots, une sorte d'irritation face à une langue suturée, scabreuse, encore, dans l'infime (im)pur.

On ne sortira donc pas du tréfonds. Mâchoire ouverte. Mâchoire fermée. L'indiscernable détriment seul s'appréhende comme une instance d'opacité contraire à la tyrannie de la transparence.

48 pages, 100 exemplaires, format 11 × 18 cm, Munken Lynx Rough (120g), Popset ivoire (320g), isbn : 978-2-491283-03-2, juin 2022.